
Retour du loup en Belgique
La question n’est plus de savoir si le loup sera de retour chez nous mais quand ?
Le loup :
Canis Lupus Italicus est une sous-espèce du loup gris originaire d'Italie. On retrouve également quelques individus en Suisse et plus ou moins 280 en France.
Taille : Les loups d'Italie mâles mesurent en moyenne 120 centimètres de longueur, tandis que les femelles mesurent 90 centimètres. Queue pendante, mesurant 30 à 50 cm.
Poids : 18 à 35 kg
Signes distinctifs : Allure général d’un grand chien. Pelage à dominante grise mais très variable, mêlant des nuances de roux
et de brun.
Régime alimentaire :
Les principaux ongulés consommés sont le cerf, chevreuil, le mouflon. Ensuite, selon les régions, le loup se nourrit de sanglier, chamois, marmotte, lièvre, castor, micromammifères…
Il est également charognard à l’occasion.

Présence du loup dans les pays limitrophes :
En Allemagne :
Les loups sont strictement protégés dans l'Allemagne réunifiée depuis 1990. Ces mesures de protection ont permis un retour du loup depuis la Pologne à partir de 1999 avec les premières observations dans la région de Lusace (à cheval sur les länder de Saxe et de Brandebourg). Dès l’an 2000, les premières naissances de louveteaux sont constatées.
L'Allemagne compte :
-
25 meutes
-
7 couples qui ne se sont pas encore reproduits
-
13 loups solitaires (identifiés)

Information qui date de 2012 :
Le cadavre d'un animal, qui a toutes les apparences d'un loup a été découvert, abattu par balle, dans une forêt de l'Etat régional allemand de Rhénanie-Palatinat (ouest) où la bête n'avait plus été aperçue depuis 123 ans, selon des sources concordantes.
Il s'agit à 99% d'un loup, selon Bernd Schneider, l'un des responsables de la société de chasse locale, interrogé par le quotidien régional Rhein Zeitung. Le loup, aperçu plusieurs fois au cours des dernières semaines en Rhénanie-Palatinat, dans la forêt de Westerwald, avait déserté la région depuis 123 ans.
C’est à 120 km de la frontière belge.
En France :
Les premiers indices de loups dans les Alpes du sud datent de la fin des années 1980. La première observation d’individus authentifiée a été faite en novembre 1992. Ces animaux sont arrivés à la suite d’une recolonisation par étapes de l’Italie depuis le massif des Abruzzes (centre de l’Italie). Ce retour s’est déroulé sur plus de 20 ans. Cette reconquête s’est faite à la faveur de plusieurs facteurs :
- la protection légale ;
- la réintroduction d’ongulés sauvages par les chasseurs ;
- la déprise agricole qui a favorisé aussi bien les proies que les prédateurs. Les superficies en cours de boisement se sont étendues
En France, les meutes comportent rarement plus de 8 individus contrairement aux effectifs plus importants des meutes d’Amérique du Nord ou de Russie.
Les effectifs des meutes sont le plus souvent de 2 à 4 individus en fin d’hiver en raison notamment de la mortalité importante des jeunes qui intervient surtout au cours de leur première année. Les jeunes quittent le groupe entre 2 et 4 ans. Ces loups en dispersion représentent 10 à 40 % de l’effectif d’une population. Vulnérables et peu expérimentés, ces jeunes parcourent des espaces qu’ils ne connaissent pas et doivent chasser seuls…
Le territoire d’une meute varie en fonction de l’abondance et de la répartition des proies. Dans les Alpes, sa superficie est de l’ordre de 200 km2.
Les probables voies d’accès en Belgique pour le loup à partir du noyau des Vosges :
La meute des Vosges est la source de dispersion des loups qui sont entrés dans les départements du Nord-Est de la France (Meurthe-et-Moselle, Moselle, Haute-Marne et Meuse.
Des prédations ont été observées à moins de 90 km de la Belgique et des rumeurs circulent déjà dans le département des Ardennes (près de Sedan et près de Couvin)
Une analyse d’une vue aérienne de la frontière belge avec Google Earth permet d’identifier les zones fortement boisées qui représentent des passages presque continus vers la Belgique, autant de zones de calme relatif pour les déplacements du loup.
Plusieurs lignes boisées orientées globalement Sud-Nord et presque parallèles constituent des “autoroutes” possibles vers le Sud de la Belgique. Les loups qui se sont aventurés plus à l’Ouest, en Champagne devront eux contourner la ville de Reims.
Carte du site : La buvette des Alpages
La France et L’Allemagne sont donc deux des foyers de dispersion possible du loup vers la Belgique. La recolonisation de la Wallonie est proche ! Les habitats sont-ils favorables à un retour ?
« En Europe de l’Ouest, la dynamique de recolonisation par le loup est forte.
La situation française l’illustre, puisque dans l’Hexagone, les accroissements des territoires et des effectifs restent actuellement de l’ordre de 20 pour cent par an en moyenne, et ce malgré l’existence d’un braconnage avéré et cryptique (caché), comme l’a étudié le biologiste Guillaume Chapron. Étant donné les espaces rendus disponibles par la déprise agricole, les loups français ne peuvent qu’avoir une grande capacité de dispersion.
La présence dans les zones de dispersion de grands massifs forestiers et d’aires protégées représentent une aide ponctuelle à la colonisation. En France, en Italie, en Allemagne et même en Belgique, un réseau de parcs et de réserves naturelles plus ou moins connectés facilite l’expansion de l’espèce.
Le loup préfère les habitats comportant des zones difficiles d’accès et riches en proies. Cela correspond aux territoires souvent retenus pour des aires protégées. Toutefois, les espaces assez sauvages pour le loup mais non protégés sont majoritaires en Europe. Le loup peut se contenter de milieux relativement pauvres sur le plan écologique. En Castille-la-Manche (Espagne), le loup parvient à vivre et à se reproduire dans des paysages de grands champs en exploitant le réseau de canaux et de petits bosquets pour se cacher, et en se nourrissant de lapins et de la faune domestique.
Si cela ne correspond pas au loup idéal imaginé, Canis lupus ne répugne pas à vivre de déchets et à chasser chiens et chats. Cette souplesse lui est utile dans les phases d’essaimage, quand les jeunes exclus des meutes parcourent des dizaines, voire des centaines de kilomètres, avant de s’établir dans une région après avoir rencontré un congénère du sexe opposé.
Elle s’illustre dans la présence sporadique de loups en zone périurbaine, tel cet individu photographié au bord d’une piscine en 2003 dans les Alpes-Maritimes ou cet autre loup renversé fin 2008 sur une voie rapide de la zone commerciale de Bourg-lès-Valence. Ces surprises mises à part, la recolonisation du canidé sauvage se fait très discrètement. »



Que se passera-t-il en Wallonie en cas de retour du loup ?
En région wallonne, avec 8.053 éleveurs de moutons en 2012, chiffre qui reste stable (8008 en 2010 et 8244 en 2011), Il ne s'agit donc pas de grands troupeaux - seulement 22 ont plus de 200.
Les troupeaux belges se trouvent majoritairement aux abords des villages et des fermes, dans les jardins et prairies clôturées des particuliers.
Le statut du loup en Wallonie
Le loup est une espèce protégée, même en Belgique !! Le loup est protégé au regard des lois européennes (Convention de Berne, Directive Habitat). La Wallonie a anticipé son retour en l’inscrivant sur la liste des espèces protégées
La politique d'indemnisation des dégâts
De manière générale les animaux sauvages sont considérés en Wallonie comme res nullius, « choses n'appartenant à personne ». La Région wallonne ne peut donc être considérée comme responsable des dégâts provoqués par un animal sauvage.
Actuellement, en Région wallonne, une législation prévoit une indemnisation partielle des dégâts causés par des espèces protégées. L'objectif au moment de l'adoption de cet arrêté, était de compenser des pertes liées à des espèces très rares, nécessitant une protection stricte.
Ce qui sera sans doute le cas du loup quand il reviendra.
Les dégâts sont indemnisés :
-
Quand ils sont provoqués par certaines espèces protégées : castor, loutre, blaireau, cormoran, héron. Le loup n'en fait pas encore partie
-
Dans certaines conditions : dégâts directs aux cultures ou élevages, pour les exploitants professionnels (agricoles, forestiers ou pisciculteurs), uniquement si l'exploitant tire la majorité de ces revenus de l'activité impactée par l'espèce protégée. Ce qui n'est pas le cas pour 88% des éleveurs de moutons, des petits éleveurs !
La Région Wallonne précise bien "La législation ne prévoit actuellement pas d'indemnisation pour des dégâts liés au loup, le problème n'ayant jamais été d'actualité".
En Wallonie, « l’assurance prédation » reste donc la seule formule pour se protéger d'un retour éventuel des prédateurs, ce qui est beaucoup plus "sain" quand on voit les effets pervers des aides au pastoralisme en France, de la polémique sur les dégâts des chiens errants.
Ce sera tout bénéfice :
-
Pour la Région Wallonne : seulement une politique de protection des troupeaux devra être mise en place, pas d'expertises couteuses, de budget "dégâts prédateurs" important à prévoir, pas de conflit avec les éleveurs. Ce sera aux assureurs de contrôler l'exactitude des déclarations (et ils ne seront pas manipulables comme le sont en France, les responsables politiques locaux et les commissions d'indemnisations des dégâts. Donc pas de manipulations ou de boucs émissaires...
-
Pour les loups : protégés et seulement responsables de leur part de dégâts, sans déchainements médiatiques, pressions et autres cris « Au loup » ! Les dégâts de chiens errants devraient également être couverts par l'assurance.
-
Pour les éleveurs : ils pourront décider (ou pas) de s'assurer "en bon père de famille" et agir en toute connaissance de causes. Ils pourront dormir sur leurs deux oreilles même en cas d'attaques de chiens errants. Eleveur bien protégé : petits risques, petites primes ; éleveur pas ou mal protégés : plus gros risques, plus grosses primes. C'est logique, inattaquable par les gens de bonne foi. C'est ce qui se passe "dans la vraie vie" pour nos assurances à tous !

Le loup : prédation sur la faune sauvage :
Comme tout prédateur naturel, le loup ne fait pas disparaître ses proies. Il régule les populations sauvages de cervidés sans pour autant les faire disparaître, sans quoi il disparaîtrait lui aussi.
L’installation du loup fait réapparaître chez les ongulés un comportement de vigilance, comportement naturel d’une espèce-proie lorsque son prédateur est présent dans l’écosystème. Le loup disperse les ongulés, limitant ainsi les concentrations locales qui peuvent avoir un impact négatif sur les forêts.
Les populations d’ongulés sauvages ont plus que doublées ces 30 dernières années en Wallonie. Malgré le nombre croissant d’animaux abattus, la chasse ne parvient pas à inverser la tendance à la hausse des effectifs. Celle-ci s’explique par des facteurs tels que la disparition des prédateurs naturels, des hivers moins rigoureux ou encore une disponibilité importante en ressources alimentaires naturelles ou artificielles, réduisant l’effet de la sélection naturelle.

Le loup, atout touristique :
La présence du loup peut favoriser le tourisme, comme c’est le cas dans certains parcs nationaux canadiens et en Suède, dans le parc National du Mercantour, dans le parc National des Abruzzes ou dans les Bieszczdady (Pologne).
Il n’existerait pas d’étude en Europe traitant de l’impact du tourisme sur les loups. Selon P. Paquet, on observe actuellement un changement de comportement des loups dans certaines régions touristiques des Montagnes Rocheuses, C. Promberger souligne que le loup en Roumanie s’habitue bien à la présence de l’homme. Par exemple, une femelle et ses jeunes ont choisi un site de rendez-vous à 50 mètres d’un sentier touristique.
Certains prétendent que la présence du loup peut faire fuir les touristes. Il est vrai que quand on a parlé de la bête du Val Ferret (Suisse) en 1995, certains campeurs ont quitté les lieux. La campagne menée dans la parc National du Mercantour par les chasseurs locaux « loups - promenade déconseillée » a eu un impact assez restreint sur le tourisme.
D’une manière générale, c’est plutôt le contraire qui se passe. La présence du loup attire souvent du monde qui aimerait le voir.
Le loup peut être au centre de projets de développement touristique dans des régions où l’économie locale est en crise. Le but est d’emmener des touristes dans ces régions pour essayer de développer l’économie locale.
La nature devient alors un atout économique qu’il faudra préserver. Ainsi, grâce à l’écotourisme, on espère pouvoir préserver la nature d’une région, tout en y développant l’économie locale. Il existe déjà plusieurs projets en cours comme en Roumanie ou en Pologne.

Le loup a besoin d’être protégé :
Après des siècles d’acharnement ayant failli le faire disparaître en Europe, le loup a été sauvé in extremis par une protection légale. Protection au niveau européen par la Convention de Berne (1979)
La Belgique a ratifié la convention de Berne le 24/08/1990 (entrée en vigueur le 1/12/1990).
Tous les pays qui ont signé la Convention de Berne doivent prendre les mesures nécessaires pour :
-
Que soient mises en œuvre des politiques nationales de conservation de la flore et de la faune sauvages et des habitats naturels.
-
Prendre en considération la conservation de la flore et de la faune sauvages dans leurs politiques d'aménagement et de développement et dans leurs mesures de lutte contre la pollution.
-
Encourager l'éducation et la diffusion d'informations générales concernant la nécessité de conserver des espèces de la flore et de la faune sauvages ainsi que leurs habitats.
-
Encourager et coordonner les travaux de recherche en rapport avec les finalités de la Convention.
-
Ainsi que coopérer pour renforcer l'efficacité des mesures prises par
-
La coordination des efforts de protection des espèces migratrices.
-
Et les échanges d'informations et le partage de l'expérience et du savoir-faire.

Quel est le rôle que l’association Wolf Eyes peut avoir dans le retour du loup en Belgique ?
La protection du loup a toujours fait partie des statuts de l’association et ce depuis 2004 date de sa création en France.
Statuts qui ont été reconduit en 2011 à la création de l’Asbl en Belgique.
L'association Wolf Eyes a toujours voulu créer un collectif d'associations en Belgique pour défendre le loup et donner une bonne information sur lui. C'est chose faite depuis 2016 ! Wolf Eyes est co-fondatrice de la plateforme "grands prédateurs" qui sera un acteur déterminant dans le retour du loup dans nos contrées.
J’ai étudié le loup et son retour en France pendant de nombreuses années jusqu’à ce jour.
L’Asbl Wolf Eyes est la première association Belge à faire partie du réseau Français « CAP LOUP » qui est composé entre autre de Ferus, le WWF, La fondation Brigitte Bardot, L’ASPAS, Animal Cross etc…
Dans ma démarche de favoriser le retour du loup en Belgique, l’Asbl Wolf Eyes a le soutien des plus grandes associations Belges
Le retour du loup dans notre région est imminent. La Belgique fait figure de pays avant-gardiste dans la protection animale, que ce soit pour l’interdiction des cirques avec animaux sauvages, en Région Wallonne l’interdiction d’élevage pour la fourrure, la puce électronique pour les chats etc… Je ne doute pas que notre région mettra tout en œuvre pour favoriser le retour de ce magnifique animal qu’est le loup en assurant sa protection !
Novembre 2016 Article du journal L'Avenir
Source pour le dossier : La buvette des Alpages - Loup.org Ferus - Aspas



