
Portrait d'activiste :
Corinne Bouvot, co-fondatrice du GAC
Corinne Bouvot, co-créatrice du GAC (Groupe anti captivité), est une militante évoluant sur plusieurs fronts qui tente, avec sa volonté et générosité, d'aider un maximum d'associations et de rallier le public à sa cause. Référante L214, créatrice de « Tous terriens, faisons le lien ! », c'est entre autres elle qui a mis en place le GAC en 2017.
En octobre 2015, suite aux inondations et à la mort de Valentin, l'image du Marineland commence à se ternir. Le mouvement des manifestants prend doucement forme et le GAC lance sa première campagne anti-captivité le 14 mai 2017 sous l'impulsion de Corinne et de ses deux co-fondateurs, Eric et Sophie. Ce qui devait être une campagne sur la saison estivale, matérialisée principalement par des stickers géants à apposer sur les pare-brises, s'est transformé en un mouvement qui durera deux ans avec 1200 stickers vendus. Corinne et ses deux co-fondateurs mettent alors en place des actions militantes sur le terrain et des cyberactions. La dernière grande manifestation en date, mi-août 2020, a rassemblé 114 associations et plus de 250 militants venus réclamer la fermeture du Marineland, avec le soutien des automobilistes que le GAC a, au fil des années, réussi à rallier à sa cause. Militante pour toute la cause animale, Corinne Bouvot intervient au fil de l'actualité, là où les animaux ont besoin d'être protégés.

Nous avons voulu en savoir plus sur ses expériences et ses projets dans la protection animale. Corinne a eu la gentillesse de répondre à nos questions.
'Nous ne voulons pas que les cages ou les bassins soient plus grands… Nous voulons qu’ils soient vides !''
Qu'est-ce qui vous a donné envie de vous battre pour les droits des animaux ?
Dès l’enfance déjà, je détestais les cirques, et ne supportais aucune injustice faite aux animaux, à tous les animaux !
Vers 10 ans, mes parents, pensant me faire plaisir, m’ont emmenée à Marineland, et j’ai le très net souvenir d’avoir pleuré derrière la vitre des dauphins…
Plus tard (bien plus tard !), l’annonce de l’arrivée d’un sordide cirque dans ma région (le cirque Muller !) m’a donné envie d’agir vraiment, et je me suis donc rapprochée d’un collectif local très actif, à l’époque, les Sans Voix Paca !… A 40 ans passés, c’était parti… !
Votre plus beau souvenir/plus beau succès ?
J’ai pas mal de « beaux souvenirs », si on peut les appeler ainsi, parce que pour rappel, ce que nous défendons, ce que nous dénonçons, ce que nous combattons n’est jamais beau !
Je retiens malgré tout deux événements très forts en émotions : la marche pour la fermeture des abattoirs, sous les couleurs de L214 (association d’une efficacité indiscutable !), aux côtés de 4000 militants, marchant vers un même objectif, et, tout récemment, la grande manifestation unitaire internationale anti captivité, devant Marineland, à Antibes (voir vidéo plus bas) , qui a réuni 114 associations locales, nationales et internationales ainsi que 255 militants engagés, à la détermination sans faille. Cet événement restera gravé en moi, l’énergie collective se dégageant de cet ensemble me porte encore aujourd’hui lorsque j’y repense…
Militer aux côtés toutes ces personnes est réellement source d’énergie ! Nous, militants de terrain, sommes le lien direct avec « les autres », ceux que nous devons informer et sensibiliser. Merci à chaque personne qui donne, de manière altruiste, de son temps. Merci à toutes et tous, sans qui rien ne serait possible, c’est évident !
Votre plus gros échec/plus grosse déception ?
Malheureusement, en matière de « cause animale », les déceptions sont fréquentes, au niveau gouvernemental, par exemple ! En effet, l’Etat fait bien souvent un pas en avant et deux en arrière, et l’exemple le plus flagrant est l’arrêté de mai 2017 pour les delphinariums, signé « à la va-vite » par la ministre de l’époque, et qui est « tombé » pour vice de forme quelques temps plus tard…Ce n’était pas un cadeau qu’elle faisait aux captifs, ce jour-là, en signant cet arrêté, non… !
Que conseilleriez-vous à quelqu'un qui aimerait militer activement mais, parce qu'il se sent prisonnier de son quotidien, sa vie de famille, son emploi, son crédit, ..., n'a pas le temps, pas les ressources ?
Tout d’abord, OSEZ… Osez vous rapprocher d’associations locales, lancez-vous. Si être témoins passifs devant votre ordinateur vous fait réagir, alors AGISSEZ !!… Réagir, c’est bien, agir, c’est encore mieux…
Que sont quelques heures de notre temps, mensuellement, pour aider modestement les sans-voix ? Par ailleurs, il y a une solidarité entre militants qui est très présente, et c’est important de prendre conscience que l’on n’est pas seul.es dans ces combats très difficiles et souvent éprouvants émotionnellement…
Le but n’est pas de « tout révolutionner » en 3 manifestations (belle utopie que voilà ! Combien l’ont cru et ont abandonné, finalement ?). Le but est de résister sur la durée, car ce sont des combats de longue haleine, où résistance et patience sont impératives, bien que mises à rude épreuve souvent…
Et puis il est important d’être fier.es de défendre les sans-voix : la cause est juste, il ne faut jamais l’oublier, et même si nous sommes encore trop peu nombreux, il ne faut pas hésiter à descendre dans la rue pour dénoncer les injustices (cela vaut pour tous les combats, animaux humains et non-humains, bien sûr !) : soyez fier.es de ce que vous faites, parce que si vous ne le faites pas…qui le fera… ?
« Le plus beau cadeau que tu puisses faire à quelqu'un, c’est ton temps.
Parce que tu lui donnes une partie de ta vie qui ne reviendra jamais. » (Paulo Coelho)
Comment voyez-vous l'avenir de l'activisme anti captivité ?
A suivre, mais… Suite aux annonces faites par le gouvernement, en date du 29 septembre 2020, promettant un avenir moins sombre aux captifs (delphinariums, cirques et fermes à fourrure), il est évident que nous allons devoir rester vigilants, d’une part, mais également réorganiser et revoir notre stratégie de communication et d’actions sur le terrain, d’autre part : même si les annonces sont « belles », ne perdons pas de vue que les captifs tournent toujours en rond, dans leur cage ou leur bassin…
Nous ne voulons pas que les cages ou les bassins soient plus grands… Nous voulons qu’ils soient vides !

Que pensez-vous d'une coalition internationale anti captivité ?
Nous sommes pour à 150%, bien sûr, et nous prônons l’unité depuis la création du Gac (2017) !
D’ailleurs, notre dicton favori est : « Seul on va plus vite, ensemble on va plus loin ! »
La manifestation unitaire du 16 août qui a réuni, je le rappelle, 114 associations locales, nationales ET internationales, est la preuve que c’est possible… Bien sûr, nous avons conscience que parfois il est difficile de s’accommoder de la stratégie des uns et des autres, mais élaborer un projet commun, dans le respect et la tolérance de chacun, grâce à une communication fluide, nous semble, à ce jour, une initiative non seulement excellente mais également nécessaire…
Que pensez-vous globalement des zoos/delphinariums ?
Je suis anti captivité, et surtout contre toute forme d’exploitation animale, qu’elle soit pour le divertissement ou sous couvert de conservation, préservation et autres termes pseudo-pédagogiques qui cachent tellement de souffrance et de misère animale…
Au 21ème siècle, nous devons respecter les animaux pour qui ils sont, et c’est dans leur individualité propre que nous pouvons affirmer les aimer et les protéger… Nul autre lieu que leur milieu naturel ne pourra répondre à leurs besoins fondamentaux : nier cela est faire preuve d’un grand égoïsme, teinté d’ignorance et de prétention bien spécifique à notre espèce !
Il est temps de modifier profondément notre rapport aux animaux et d’évoluer enfin : vous les aimez ? Aimez-les libres !
Si vous étiez un animal, ce serait lequel et pourquoi ?
Un chat… parce qu’il a 7 (ou 9, en fonction des légendes et pays) vies… 😊
Mais j’accepte toute réincarnation, à partir du moment où il s’agit d’un animal heureux, libre et à sa place 😊
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